20 avr. 2009

"Uglies", "Pretties", "Specials"...

A première vue, leurs titres suggèrent que ces romans sont consacrés à des adolescents ou de jeunes adultes préoccupés par leur apparence physique.
Les enfants ("littlies") deviennent des adolescents torturés par leur apparence ("uglies") avant de subir, le jour de leur 16 ans, l'opération qui les rendra beaux et heureux ("new pretties" puis "middle pretties" puis "late pretties"). Cette opération permet de souder la société, puisque les "pretties" sont tous heureux et insouciants; leur bonheur serait dû à leur apparence physique: l'opération permet de mettre fin aux querelles liées à la jalousie provoquée par les différences d'apparence.
Cette société est fondée sur une véritable culture de la beauté, et les "uglies" y sont encouragés à fantasmer leur apparence future, à rêver leur corps idéale, notamment à l'aide d'un logiciel informatique leur permettant de visualiser leur apparence après la modification de certains traits du visage.
Progressivement, le lecteur apprend que l'opération est doublée d'une lésion cérébrale permettant d'éviter les débordements comportementaux qui ont failli mener à la fin de notre civilisation quelques siècles plus tôt, et qui sont officiellements attribués au mal-être physique lié à la laideur.
Certains fuient pour éviter l'opération, car ils pensent qu'il y a un lien entre l'apparence et l'identité. L'identité serait alors liée au corps reçu à sa naissance.
Pourtant, le lecteur apprend que les personnes qui ont le choix de modifier ou non leur apparence dans la ville de Diego choisissent la modification corporelle. Ces altérations sont en fait conçues comme signifiants visibles d'un signifié intérieur: elles expriment la personalité profonde. C'est par exemple le cas des "flash tatoos", qui bougent en fonction du rythme cardiaque (mais seuls ceux qui maîtrisent le code peuvent le savoir; pour les autres, ces tatouages ne représentent qu'une mode). De même, les membres d'un groupe choisissent d'adopter la même modification corporelle pour signaler leur appartenance communautaire.
Ces romans sont plus que des divertissements pour adolescents; ils interrogent le corps comme outil de signification, comme véhicule sémiotique, et texte à déchiffrer par les regards extérieurs.

3 commentaires:

  1. et qu'en pensent tes têtes blondes?

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  2. têtes blondes trop blondes...

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  3. euh... en fait, je lis ce genre de romans pour moi, et j'ai été attirée par le concept sans envisager de m'en servir avec des adolescents...
    blonde si blonde...

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