15 févr. 2009

Faribole: Chapitre 2 (suite et fin du chapitre)



La chambre au sommet du donjon fut métamorphosée: la poussière des ailes de fées donnait l'impression que tout était recouvert de paillettes roses et mordorées; le bruissement des ailes résonnait comme un froufrou de taffetas; le tintement de leur rire donnait l'impression d'un millier de clochettes...

Au début, la princesse Faribole était sous le charme: sa vie était devenue, littéralement, féérique... Elle vivait dans un véritable conte de fées.

Mais c'était bien ça, le problème. Tout était trop beau, trop rose et trop brillant. Les fées aimaient le calme et l'harmonie, ce qui laissait peu de place aux bêtises habituelles de la princesse. Et, peu à peu, elle se lassa des couleurs acidulées, des dînettes et de la cueillette de fleurs... Ses nouvelles amies ne courraient pas partout, n'intervertissaient pas le sel et le sucre pour embêter les cuisinières, et n'appréciaient pas particulièrement le rouge dont se coloraient les joues du roi lorsqu'il était en colère...

Progressivement, la princesse Faribole et les fées ne trouvèrent plus rien à se dire, et les fées prirent finalement la décision de rentrer chez elles...



Heureusement, la princesse Faribole n'avait pas retiré sa petite annonce du journal, et elle eut bientôt une nouvelle lettre.

Cette fois, il s'agissait de la Grenouille à Grande Bouche. La Grenouille à Grande Bouche était une grenouille très particulière: elle savait chanter, danser, et raconter des blagues. Aussitôt, la princesse répondit à son annonce.

Les premiers jours avec la Grenouille furent absolument fantastiques. La princesse et la Grenouille chantèrent, dansèrent, et échangèrent des histoires drôles à longueur de journée. Mais la Grenouille à Grande Bouche avait besoin de beaucoup d'attention. Elle aimait par dessus tout faire comme si elle était au cabaret et se faire applaudir par la princesse et les pauvres serviteurs qui avaient le malheur d'apporter à manger alors qu'elle était en représentation. En plus, elle racontait toujours les mêmes histoires.

Cette fois encore, la princesse Faribole se lassa.

Elle avait mal au mains à force d'applaudir et, même si elle n'aimait pas se l'avouer, elle en avait assez d'être confinée au rôle de spectatrice.

Mais il n'était pas si facile de se débarrasser de la Grenouille à Grande Bouche; elle avait un égo tellement grand qu'elle ne pouvait pas croire qu'elle n'était pas adulée...

Heureusement, la princesse Faribole avait une imagination fertile. Elle expliqua à la Grenouille à la Grande Bouche qu'elle avait beaucoup trop de talent pour rester à jouer les baby-sitters, qu'elle aurait tort de priver le monde de son talent et qu'elle ferait mieux d'aller s'installer à Paris.

La Grenouille fut flattée de ce compliment, et eut les larmes aux yeux en pensant au sacrifice qu'était prête à faire la princesse.

Elle fit ses valises et partit à la conquête du vaste monde en laissant la princesse Faribole guetter la boîte aux lettres.



Plusieurs jours passèrent sans que le facteur laisse une lettre pour la princesse, et celle-ci commençait à se demander si elle devait passer une nouvelle annonce, lorsqu'elle entendit toquer à sa porte.

Elle ouvrit, et ne vit rien. Elle se dit qu'elle avait dû rêver mais, dès qu'elle se rassis, de nouveaux coups se firent entendre. Elle se leva, et ouvrit la porte sur un couloir vide. Cela commençait à l'énerver, et elle décida de guetter derrière la porte, pour être prête à ouvrir en une seconde. Cette fois, elle pût ouvrir dès qu'elle entendit toquer: dans le couloir, il y avait... des lutins!

Toute une colonie de lutins, qui se mirent à sautiller de joie en voyant l'air ébahi de la princesse. Ils envahirent sa chambre en un clin d'œil, laissant l'un d'entre eux lui expliquer qu'ils avaient préféré venir directement plutôt que de renvoyer une lettre; les lutins étaient aussi impatients que la princesse, apparemment!

Un peu surprise, la princesse Faribole accepta cependant de les accueillir. Après tout, toquer à la porte et se cacher pour énerver les gens avait, il n'y avait pas si longtemps, fait partie de ses activités préférées! Et en effet, la compagnie des lutins se révéla très agréable. Ils pouvaient jouer des tours à tous les habitants de la cour, et la princesse s'amusait beaucoup. Mais comme le donjon où ils vivaient étaient très haut, les lutins se lassèrent vite de descendre et monter les escaliers. Ce qui ne les empêcha pas de chercher de nouvelles facéties. Cependant, les lutins se lassèrent vite de jeter des bombes remplies d'eau ou de farine sur les passants, qui avaient d'ailleurs pris l'habitude de prendre des chemins détournés.

Ils décidèrent donc d'embêter... la princesse! Et ce fut elle qui se retrouva avec des grenouilles dans son lit, du cirage à la place de son dentifrice et toutes ses manches cousues aux extrémités... Au début, cela l'amusa: ça lui donnait plein d'idées! Mais elle se lassa assez vite... C'était pénible, de devoir toujours vérifier ce qu'elle mettait sur sa brosse à dents ou ce qu'il y avait entre ses draps!

Un jour qu'ils avaient mis, pour la troisième fois, un seau d'eau en équilibre sur sa porte, elle finit par s'énerver très fort (elle devint du même rouge que le roi!) et mit tous les lutins dehors, au milieu de leurs éclats de rire.



Sa petite annonce n'avait décidément pas eu l'effet escompté! Elle devait absolument faire quelque chose pour changer ça!

Alors elle prit la plume pour écrire une nouvelle petite annonce...

3 commentaires:

  1. Je signale qu'il s'agit ici d'une Grenouille à Grande Bouche fictive, sans aucun lien avec ma Grenouille à Grande Bouche préférée qui, au contraire de celle-ci, est une personne délicieuse!

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