12 juil. 2011

les filles de Cassandre - élucubrations

Au commencement était le Verbe. Et la pomme: après tout, c'est presque la même chose. Vous connaissez sûrement, Adam, le serpent, l'arbre de la connaissance, la curiosité insatiable de la femme et la faiblesse de l'homme (« frailty, thy name is woman » ? vraiment?), et, surtout, « tu enfanteras dans la douleur ». Voilà. Mais ça, c'était il y a longtemps. Parce qu'il est grand et juste, loué soit Dieu pour la péridurale.

On pourrait croire que le monde a évolué. Que l'on nous a pardonné. Après tout, Ève et Pandore, c'était il y a longtemps. Tu parles ! Plus que jamais, les femmes portent cette fichue pomme en héritage.

De plus, comme si ça n'était pas déjà bien assez lourd à porter, nous sommes issues d'une double filiation, un ancêtre quelconque étant allé voir du côté de la mythologie grecque. Ce qui explique probablement pourquoi la punition divine s'est muée (et nul n'osera ici parler de clémence) en ces termes : « et tu seras jugée indigne du langage ». Car c'est Cassandre qui nous a légué une partie de ses gènes, et avec eux de sa malédiction. Pas que nous soyons réellement indignes du langage, non ! Mais comme si quelqu'un (un homme, à tous les coups, un prêtre même, « qu'ils tremblent, les prêtres »!) avait posé comme un couperet la sentence suivante : quoi que nous disions, nos paroles seront jugées indignes si nous n'avons pas initialement prouvé que nous méritions l'accès au Verbe. Et le pire, nous acceptons cette affirmation comme parole sacrée.

Coupées d'un même élan du langage et du divin : la pomme nous est tombée sur la tête.

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