15 oct. 2010

combats ordinaires

Mercredi matin.
Vague blocus devant l'entrée du lycée, vite dispersé.

Mercredi soir.
Des SMS circulent sur les portables des lycéens. Ils sont de deux types:
- "Bloquons sans rien détériorer; ça n'est pas le but. Amenez des boissons chaudes."
- " Amenez des œufs, de la farine, du déo en spray, des briquets et des bouteilles de verre"...

Jeudi matin.
Des lycéens bloquent les portes. Une seule banderole: "non, non et non!".
Ils crient, chantent, se bousculent.
Il fait froid pour rester immobiles: ils bougent.
Et jettent des projectiles: pierres, œufs... Sur les murs, les vitres, les gens...
Ils occupent l'intermarché. Et cassent une ou deux vitres.

Vendredi matin.
Dès 7h30, des lycéens sont postés devant le lycée, avec des pneus et des briquets.
Ils empêchent les autres d'entrer. Mais ça n'est pas grave: les entrées sont fermées sauf à des horaires précis, pour limiter les dégâts.
De l'intérieur, les profs ont des informations confuses. Peu d'élèves, pas de cours possibles.
De la fumée, des fois. Des cris.
La banderole a évolué: "klaxonnez svp"...
Il fait toujours aussi froid. Il faut bouger: les élèves prennent la route d'un lycée proche.
Tous ensemble, ils marchent sur le pont. Ils occupent toute la voie. Un chauffeur de camion, désorienté, recule brusquement, droit sur une élève. Un policier s'interpose; il est maintenant dans le coma. Les élèves réagissent en caillassant le camion et en volant les clés.
Les forces déployées par la police entourent le camion; quel meilleur moment pour retourner au lycée?
Un groupe de lycéens tente de rentrer en force dans l'établissement. Il n'y a plus de policiers: ils entrent.
Les surveillants viennent fermer les rideaux de fer qui ferment les entrées des divers bâtiments du lycée. Plus personne ne peut entrer, plus personne ne peut sortir.
Les informations circulent de plus en plus mal: les divers bâtiments sont coupés les uns des autres.
Une surveillante passe: il faut éloigner les élèves des fenêtres et des portes vitrées. Pourquoi? On ne sait pas.
Une autre surveillante passe: on ne doit pas laisser les élèves sortir de la salle, même après la sonnerie.
Un prof circule dans les couloirs: il faut évacuer.
Nous évacuons les élèves, puis les professeurs.
La proviseur a toujours au front la marque d'un projectile lancé hier.
Le lycée sera fermé demain.

Et lundi?
Lundi nous verrons bien...

3 commentaires:

  1. Mince, ça va être compliqué pour les évaluations! Y'a une options "slogans de manifs"? parce que là, ils sont encore franchement faibles!

    Et les élèves qui bloquent, ce sont lesquels? Ils sont nombreux, ou minorité motivée? Ils raisonnent ou ils jouent à "c'est à bâbord qu'on gueule le plus fort?

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  2. Ils jouent à "c'est à bâbord qu'on brûle le plus de choses", je crois!
    Et ils sont assez nombreux pour qu'il n'y ait qu'une demi-douzaine d'élèves par classe, sauf en terminale où ils sont généralement 15...
    Mais le policier est sorti du coma et sa vie n'est plus en danger... Heureusement!

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