19 oct. 2010

combats ordinaires (2)

Lundi matin, 7h40.
Une partie de l'équipe pédagogique est rassemblée autour des grilles. Seuls quelques élèves sont rentrés dans l'enceinte de l'établissement pour assister à des cours, et personne ne manifeste devant le lycée.

8h.
Les élèves sont soudain nombreux sur le parvis. Cette fois, ils sont accompagnés par quelques membres des jeunesses communistes. Ils ont un mégaphone et des slogans. Comme s'ils avaient suivi un stage intensif de politisation. Trois enseignants courageux sont de leur côté de la grille, les autres attendent près de l'entrée. Quelques élus, quelques parents d'élèves et des membres de la brigade mobile d'intervention sont aux côtés des élèves pour éviter que la tension ne monte.

8h30.
Jets de yaourts et de marrons.
Quelques élèves se sont acharnés sur un chaton, pour le plaisir. Il a fui en courant pour soigner ses blessures.
D'autres ont essayé de faire diversion avec des fusées pour cadenasser la grille, mais ont été trop lents.
Certains se servent d'extincteurs pour gêner la circulation.
D'autres encore sont allés chercher des poubelles en plastique. Ils y mettent le feu, et se font prendre en photo alors qu'ils y jettent des produits inflammables (white spirit, déodorant, alcool à brûler, au vu de ce qui a été confiqué).

9h.
Je retourne faire cours. 8 élèves m'attendent.
L'un d'eux explique qu'il est revenu en cours car il était accusé d'être un leader du mouvement, et qu'il a peur d'être tenu pour responsable des dégâts. Il parle d'une présence adulte pour conseiller les bloqueurs, et prévoit des violences.

10h.
4 classes réunies, 15 élèves.
Nous passons un film, "Lord of the Flies". Rappel de la violence adolescente?
Les élèves ne suivent pas. Ils guettent les SMS d'information venant de l'extérieur.
Les bloqueurs sont partis au lycée d'à côté. Ils y ont cassé des vitres et les voitures sur le parking des enseignants.
Nous sommes à nouveau enfermés derrière les rideaux de fer, en attendant des nouvelles.

12h30.
L'établissement est fermé: les casseurs seraient sur le chemin du retour du lycée.
Nous ne sommes plus en sécurité: nous sommes évacués.

Les cours sont maintenus, mais un message affiché sur le site de l'établissement enjoint les parents de ne plus envoyer leurs enfants en cours.

Mardi.
Grève.

Mercredi.
???

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